samedi 9 avril 2016

La beauté - Frédéric Schiffter - ***


Aussi fugace soit-elle, la rencontre avec la beauté est une expérience bouleversante. Partant d'un souvenir personnel - l'apparition d'une femme -, Frédéric Schiftter invite le lecteur à une méditation philosophique sur la beauté vies paysages et des œuvres qui ont marqué sa vie. Une flanelle érudite à travers les films, les livres, les œuvres d'art, qui nourrit avec délicatesse notre éducation esthétique.




Miettes :

Si je n’éprouve pas la sensation de cet aller vers un monde hors du monde et de ce retour au cœur même du monde, alors je n’ai pas affaire à de l’art. Or, les trois dimensions qui rendent le monde contenu dans une œuvre étranger à la réalité qui me cerne relèvent de l’utopie, de l’achronie, du silence.

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En donnant à voir, comme à travers un verre grossissant, un archétype de ce qui constitue le monde et fait de la vie une souffrance, toute œuvre supprime chez le contemplateur, le lecteur, l’auditeur et le spectateur, et ce le temps de la contemplation, de la lecture, de l’audition et du spectacle, tout désir d’agir, de raisonner, de calculer, d’établir des liens de causalité, et le voue à une béatitude extatique – négatrice, par là même, de l’ennui.

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Devant une belle femme, le désir d’un homme se trouve interdit, tandis que, devant une jolie femme, son désir s’affole.

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Dans la mesure où le beau suscite un plaisir de contemplation, une belle femme relègue un homme à une distance respectueuse, nécessaire au seul désir qui s’impose en cet instant : le désir désintéressé – détaché (provisoirement, du moins) d’une finalité sexuelle – de regarder sa beauté.

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Alors que, selon l’excellente formule de Milan Kundera, « la coquetterie est une promesse de coït » faite aux hommes, l’élégance est une invitation à ce qu’ils restent à leur place. La femme coquette, comme l’indique le mot, est une cocotte ; la femme élégante, comme l’indique aussi le mot – en latin, elegans signifie « qui sait choisir avec goût » –, est une artiste?

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Est belle toute œuvre qui me plaît, bien sûr, et, surtout, qui me sied au point de prendre place en moi comme souvenir marquant capable de me charmer longtemps, de me hanter et de stimuler ma réflexion.

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Si je n’éprouve pas la sensation de cet aller vers un monde hors du monde et de ce retour au cœur même du monde, alors je n’ai pas affaire à de l’art. Or, les trois dimensions qui rendent le monde contenu dans une œuvre étranger à la réalité qui me cerne relèvent de l’utopie, de l’achronie, du silence.

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En donnant à voir, comme à travers un verre grossissant, un archétype de ce qui constitue le monde et fait de la vie une souffrance, toute œuvre supprime chez le contemplateur, le lecteur, l’auditeur et le spectateur, et ce le temps de la contemplation, de la lecture, de l’audition et du spectacle, tout désir d’agir, de raisonner, de calculer, d’établir des liens de causalité, et le voue à une béatitude extatique – négatrice, par là même, de l’ennui.

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