mercredi 18 mai 2016

Les derniers jours de Stefan Zweig - Laurent Seksik - ****

Le 22 février 1942, exilé à Pétropolis, Stefan Zweig met fin à ses jours avec sa femme, Lotte.

Le geste désespéré du grand humaniste n'a cessé, depuis, de fasciner et d'émouvoir. Mêlant le réel et la fiction, ce roman restitue les six derniers mois d'une vie, de la nostalgie des fastes de Vienne à l'appel des ténèbres. Après la fuite d'Autriche, après l'Angleterre et les États-Unis, le couple croit fouler au Brésil une terre d'avenir. Mais l'épouvante de la guerre emportera les deux êtres dans la tourmente - Lotte, éprise jusqu'au sacrifice ultime, et Zweig, inconsolable témoin, vagabond de l'absolu.

Miettes :

Son existence reposait sur les étagères de la bibliothèque. Sa vie était entre deux planches.

***

On ne parlait pas du lendemain. L’avenir n’était nulle part en ce lieu. Le présent lui-même avait quelque chose d’irréel. Ils étaient là, tous deux, comme dix années auparavant, mais sur l’enseigne du café quelques lianes venaient s’enrouler. Des cris de singe parvenaient depuis la forêt voisine. Non, ce n’était pas Vienne. Ils n’étaient pas au Café Central ni au Café Museum. Pétropolis avait des allures de ville fantôme et eux des figures de spectres. Il n’aurait pas été surprenant de voir soudain les arbres autour d’eux se mettre en mouvement, les montagnes se déplacer. Et soudain les ténèbres couvrir la terre et le ciel.

***

Seul peut goûter la joie de contempler le monde
Celui qui plus rien ne désire…
Jamais la vue n’est plus étincelante et libre
Qu’à la lumière du couchant.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire