vendredi 16 janvier 2015

Ma vie et autres trahisons - Roland Jaccard - ***

Quatrième de couverture:

« Il m’est pénible de l’avouer, mais je suis un pauvre type. Je n’ai pas le souvenir de l’avoir toujours été. Cette foutue tendance à embellir le passé. Mais c’est vrai, il est arrivé, parfois, que ma vie tienne ses promesses qui étaient de ressembler à Hollywood. Et puis, petit à petit, les étoiles ont disparu de ma galaxie et je me suis retrouvé seul dans ce café parisien, face à l’église Saint-Sulpice, avec un stylo-feutre et une feuille de papier. Un thé sur une table en formica et quelques biscuits. Ce n’est pas rien, me direz-vous. Et vous ajouterez : surtout ne me racontez pas votre vie. Cela tombe bien, je n’en avais pas l’intention. » RJ.







Miettes :

Nos existences n’étaient-elles pas une suite de trahisons ? Trahisons de nos idéaux, trahisons de nos amis, trahisons des femmes que nous croyions aimer pour la vie… et j’en passe. Vivre, c’est trahir. Nous sommes tous des Judas en puissance et sans doute ne peut-on persévérer dans l’existence, comme les serpents, qu’en changeant régulièrement de peau. Le jour où cette possibilité nous est refusée ou celui où nous ne la saisissons plus, nous signons notre fin. Ce n’est peut-être pas la mort, mais cela y ressemble fort.

-oOo-

Après chaque exercice d’autodénigrement, me revient en mémoire l’histoire de ces deux rabbins traversant Manhattan dans un taxi. Ils n’échangent pas un mot. Au bout d’un quart d’heure, le premier baisse la tête et clame : « Je ne suis rien. » Un quart d’heure plus tard, le second soupire : « Moi non plus, je ne suis rien. »
Interloqué, le chauffeur de taxi, un Noir, les interpelle : « Si vous n’êtes rien, moi alors je suis moins que rien. » Les deux rabbins se regardent et s’écrient ensemble : « Pour qui il se prend, celui-là ? »

-oOo-

Comment faites-vous pour tenir ? Pour vous réjouir d’être là, encore vivants ? À moins que, comme moi, vous ne fassiez semblant. Simuler un bonheur qu’on n’éprouve pas est encore la meilleure recette pour éviter les emmerdements. Pour ce qui est de donner le change, je ne suis pas plus maladroit qu’un autre. Mais comme les autres ne s’intéressent pas plus à moi que je ne m’intéresse à eux (jadis, peut-être), le tour est vite joué.

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Remarque: 
On retrouve ici la veine de L'âme est un vaste pays.

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