lundi 20 juillet 2015

Thomas l'imposteur - Jean Cocteau - ***

Présentation:

En face, à quelque distance, on distinguait le bloc d'une patrouille ennemie.
Cette patrouille voyait Guillaume et ne bougeait pas. Elle se croyait invisible...
— Fontenoy ! cria-t-il à tue-tête, transformant son imposture en cri de guerre. — Et il ajouta, pour faire une farce en se sauvant à toutes jambes : Guillaume II.
Guillaume volait, bondissait, dévalait comme un lièvre.
N'entendant pas de fusillade, il s'arrêta, se retourna, hors d'haleine.
Alors, il sentit un atroce coup de bâton sur la poitrine. Il tomba. Il devenait sourd, aveugle. —
Une balle, se dit-il. Je suis perdu si je ne fais pas semblant d'être mort.


Miettes:


Un homme vraiment profond s'enfonce, il ne monte pas. Longtemps après sa mort, on découvre sa colonne enfouie, d'un seul bloc ou, peu à peu, par morceaux. Tandis que ces grandes intelligences médiocres, faites de coup d'œil et d'ironie, montent sans encombre jusqu'à la petite corniche du pouvoir.

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L'héroïsme réunissait un monde mêlé sous une même palme. Bien des meurtriers en herbe y trouvaient l'occasion, l'excuse de leur vice et sa récompense, côte à côte avec les martyrs. On s'étonne que la guerre embauchât, par exemple, les Joyeux. Ils tenaient le secteur entre les fusiliers et les zouaves. La société trouvait bon, alors, qu'ils déployassent des instincts pour quoi elle les avait exclus.

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Un miracle, s'il dure, cesse d'être considéré comme tel. C'est pourquoi les apparitions disparaissent si vite.

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